Comment gérer la situation d’invalidité suite à un accident ou une erreur médicale : l’angle psychologique.
Après un accident ou une erreur médicale qui amènent la victime à une certaine invalidité, c’est-à-dire une diminution de ses capacités motrices ou mentales, celle-ci se retrouve confrontée à une annonce traumatisante, mais aussi à un parcours comprenant plusieurs étapes qui l’amènerons à pouvoir se reconstruire et s’approprier cette nouvelle vie.
Quelles sont ces étapes ?
Nous vous l’expliquons dans cet article.
- La première étape, est l’annonce du handicap ou de l’invalidité.
Tout d’abord, définissons de quoi nous parlons lorsque nous parlons de handicap :
« Les réflexions et débats menés dans différents pays depuis la fin des années soixante et visant à circonscrire de façon claire les conséquences fonctionnelles et sociales des états de santé ont abouti à une première classification au statut expérimental, la CIH (Classification internationale des handicaps, OMS, 1980), distinguant trois niveaux d’expérience du handicap : le niveau lésionnel des déficiences, le niveau fonctionnel des incapacités et le niveau social du désavantage. »[1]
Non seulement la personne se retrouve diminuée dans ses capacités physiques ou mentales, suite à une lésion bien réelle, mais elle doit faire face aussi à un changement au niveau social, qui se traduit bien souvent par une certaine mise à l’écart, à des degrés divers.
Durant l’annonce de l’invalidité, les médecins se doivent de parler de ce qui est perdu, mais aussi de tout ce qui est encore du domaine du possible.
En effet, il est important que dès l’annonce, la personne puisse connaître rapidement toutes les possibilités qui s’offrent à elle et non pas uniquement tout ce qu’elle a perdu.
Un médecin empathique et formé à l’annonce permettra à la personne de mieux accepter les choses et de se sentir soutenu.e par le corps médical.
L’annonce d’un handicap se transforme bien souvent en un véritable tsunami intérieur. Cet événement brutal provoque un traumatisme difficile à admettre.
Pourquoi moi ?
Le constat d’un impossible retour en arrière provoque chez la personne un état de sidération qui est très difficile à contrôler.
La personne utilise alors des mécanismes de défense. Ce processus est appelé stratégie de survie. Parmi ces mécanismes de défense, on parle souvent de clivage et de déni. La personne est partagée entre admettre la réalité ou la nier. Ce mécanisme de déni permet à la personne de diminuer sa souffrance et de ne retenir que ce qu’elle est capable de tolérer afin de se protéger.
- Ensuite, viennent les processus de deuil et d’acceptation.
Le travail de deuil consiste à accepter cette nouvelle situation : accepter son nouveau corps, accepter une nouvelle vie, un nouveau statut, … Accepter enfin ce qui est perdu.
Ce travail de deuil de l’ancienne vie est parfois très long et très difficile.
En effet, il faut que la personne puisse se débarrasser de ces mécanismes de défense et de survie et puisse être en capacité « d’oublier » les projets d’avenir qu’elle avait construit avant l’accident.
Cette prise de conscience de son handicap et des nouvelles limites qu’elle vit au quotidien se feront d’une manière progressive. Petit à petit, la personne pourra intégrer ces nouvelles compétences, ces nouvelles capacités.
Durant cette période, la personne passe par différents sentiments ( rage, colère, désespoir,…). Cette période entre le deuil et l’acceptation représente une épreuve très difficile pour l’entourage de la personne également, c’est à souligner. Les aidants proches sont souvent les oubliés dans les processus de suivi alors qu’ils sont un pilier central pour la personne en situation d’invalidité.
Les soins et la rééducation sont alors des étapes vitales car elles font parties intégrantes de la reconstruction identitaire de la personne. Cette rééducation est très importante psychologiquement car elle a un impact direct sur l’identité physique et l’estime de soi de la personne.
Le travail entre le personnel soignant, les médecins et la personne reposent sur un suivi relationnel capital.
En effet, c’est grâce à des échanges professionnels et humains que le personnel soignant pourra s’investir de manière efficace et créer un lien fort et de confiance qui permettra au patient de se réapproprier et d’avoir la volonté de retrouver le contrôle de sa vie, de son corps et son intimité.
L’invalidité provoque un bouleversement corporel « extrême ». La personne accidentée se retrouve dans un corps qui est le sien mais qui pourtant n’est plus tout à fait le sien. Ce travail de reconstruction identitaire corporel se déroule bien souvent une fois la personne rentrée chez elle. Il vise à pouvoir réinscrire la personne dans son corps mais aussi dans son environnement. Cette étape est faite d’adaptation, de réajustements durant laquelle l’image de soi doit être revaloriser.
Il est aussi important pour la personne accidentée de retrouver une vie sociale : faire face aux amis, les garder, ne pas avoir honte de voir ses amis, pardonner à ceux qui n’ont pas eu le courage de venir,…
C’est aussi le moment ou la personne peut se retrouver seule car elle a perdu son travail, ne plus pratiquer son sport ou ses loisirs. Il faut absolument qu’elle puisse rapidement retrouver un groupe social pour qu’il puisse donner un sens à sa vie.
On constate d’ailleurs que cette importance d’appartenance à un groupe social mène souvent les personnes à s’investir par exemple bénévolement pour une cause d’un handicap.
- L’étape de la résilience
Arrive enfin la dernière étape, la résilience c’est-à-dire « la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité » ( Boris Cyrulnik ).
Il est évident que tous les chemins vers une reconstruction sont différents selon les personnes et la gravité des situations.
Pour atteindre la résilience, chaque personne qui a subi un traumatisme va mobiliser toutes ses ressources afin de pouvoir vivre et s’adapter à cette nouvelle existence.
Durant tout ce processus, il est essentiel que la victime d’un accident ou d’une erreur médicale puisse compter sur l’avocat pour défendre ses droits et lui redonner un certain sentiment de justice face à la situation.
[1] Les désignations du handicap, Revue Française des Affaires Sociales, 2003, 1-2, page 31