Le choix éclairé chez l’adolescent sous l’angle du psy
Comment les adolescents peuvent-il gérer la dimension d’autorité quand un médecin les incite à faire le choix d’un traitement médical ? Peuvent-ils choisir en pleine conscience des implications de leur choix, et refuser ?
Le consentement libre et éclairé qui permet un choix en connaissance de cause est une question essentielle chez l’enfant et l’adolescent. Quelle est leur capacité de discernement, dans le cadre de la vaccination, par exemple ?
Quelques pistes dans cet article, sous l’angle du psy, après avoir donné l’angle juridique dans nos précédents articles.
- La capacité de choix éclairé chez l’adolescent
Lors de l’adolescence, le développement physiologique et cognitif favorise l’émergence de nouvelles capacités, et avec celles-ci, un désir d’autonomie croissant. Ce développement est soumis à des changements hormonaux intenses et à des pulsions nouvelles : le désir d’autonomie est pressant mais la prise des responsabilités qui accompagne celui-ci n’est pas facilement évaluée par l’adolescent.e.
D’une manière conventionnelle, on parle d’«âge maturatif » , pubertaire et psychosocial : sur le plan biologique, l’OMS définit les adolescents comme étant des jeunes qui ont entre 10 et 19 ans, mais la communauté scientifique parle de période transitoire entre l’enfance et l’âge adulte jusque 25 ans.
Le premier point que nous mettons en évidence ici est qu’il est difficile d’établir exactement à partir de quel âge un.e adolescent.e est capable de réaliser un choix réellement éclairé, en toute connaissance des risques et des conséquences de son choix.
Le développement de la maturité affective, émotionnelle et cognitive diffère sensiblement d’une personne à l’autre.
« En matière de santé, les adolescents sont des consultants particuliers. La relation de soin doit s’adapter tout à la fois à leur besoin de confidentialité et à leur manque de confiance vis-à-vis de leur médecin, figure du monde des adultes qui risque de menacer leur autonomie ; elle doit leur offrir un espace où ils soient reconnus comme partenaires dans une démarche qui les concerne directement, sans pour autant occulter leur vulnérabilité, leur besoin de protection dans certaines situations, ou encore la place de leurs parents dans toute cette dynamique. »[1]
- La confidentialité et le consentement
La question de la confidentialité est complexe dans le cadre des suivis médicaux car les parents sont sollicités pour payer les consultations, et il est fréquents qu’ils sont informés de ce qui se passe pour leur enfant au niveau médical.
Dans la relation médicale, l’adolescent se retrouve face à plusieurs adultes, qui ont une certaine autorité, à des degrés divers, sur lui : le médecin, déjà, en qui il a confiance ou pas (les adultes sont souvent perçus comme des entraves à l’autonomie tant désirée), et ses parents, avec qui il existe une relation faites d’enjeux émotionnels qui peuvent venir influencer le choix du jeune.
Comment est-il possible pour lui, qui est encore dépendant à plusieurs niveaux de ses parents, de poser un choix personnel bien établi, sans influence ou biais ?
Au-delà de cette question de la confidentialité, il est utile de souligner que poser un consentement éclairé est un processus complexe : « L’adolescent doit pouvoir comprendre et reformuler l’information qui lui est donnée sur sa condition de santé, la nature et l’objectif du (ou des) traitement(s) proposé(s) et des alternatives existantes, ainsi que les bénéfices et risques de chaque option thérapeutique. Il doit aussi pouvoir apprécier la situation dans sa globalité – et notamment manifester sa conscience du trouble (nosognosie), argumenter son choix raisonnablement et le communiquer clairement. Plusieurs fonctions cognitives sont donc impliquées dans la prise de décision, particulièrement l’attention, la mémoire de travail et les fonctions exécutives . »[2]
- Une intégration cognitive, affective et sociale
L’aspect cognitif et de compréhension n’est pas le seul en jeu : nos décisions sont guidées par notre état émotionnel et par les influences sociales.
De nombreuses recherches ont montré que la prise de risques est plus grande chez les jeunes en présence de pairs, et que les dimensions affectives et sociales jouent une part énorme dans le processus de prise de décision.
Dans ce cadre, la question du consentement éclairé reste sensible, et il nous semble important de mener une réflexion poussée quant au choix des adolescents par rapport à leur santé.
Il est important pour nous, en tant qu’adultes, de prendre en compte tous ces paramètres et d’accompagner nos ados dans ces questions essentielles.
Dès lors, comment prémunir ces derniers d’un éventuel mauvais choix, pris selon des influences ou par méconnaissance des risques, ou simplement par pression sociale ?
Dans cet article, nous vous invitons à la réflexion, car prendre soin de nos enfants c’est prendre soin de notre futur.
Vous désirez en savoir plus sur les questions de la vaccination, au niveau légal ?
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[1] La relation de soin avec l’adolescent en psychiatrie, Réflexions sur le pacte de soins et le consentement éclairé, Pierre Abdel-Ahad, Michel Scheuer, Sami Richa, Laennec, 2013/1, tome 61, PP.28-39.
[2] La relation de soin avec l’adolescent en psychiatrie, Réflexions sur le pacte de soins et le consentement éclairé, Pierre Abdel-Ahad, Michel Scheuer, Sami Richa, Laennec, 2013/1, tome 61, PP.28-39.