LE HACELEMENT EN RUE

Selon une étude de 2019 de l’ONG Plan international[1], 9 femmes/filles sur 10 ont déjà subi un harcèlement de rue dans leur vie.

En 2014, une loi a été adoptée en vue d’endiguer, et de punir ce phénomène.

Qu’est-ce que le harcèlement en rue ? Quelle est la frontière entre drague et harcèlement ?

 

  • La drague n’est pas sanctionnée pénalement.

 

En principe, la drague est un jeu de séduction, respectueux et consensuel. Elle se fait à deux. Attention, la drague dite « lourde » bascule très vite dans le harcèlement s’il apparaît que ce n’est plus consensuel.

 

  • Exemple de drague : exprimer poliment, dans un contexte adapté, son envie de connaître ou revoir une personne, et accepter son éventuel refus.

 

  • Le harcèlement en rue, ou « sexisme dans l’espace public », est une infraction. Il est défini, à l’article 2 de la loi du 22 mai 2014, comme « tout geste ou comportement qui, dans les circonstances visées à l'article 444 du Code pénal (=lieux publics), a manifestement pour objet d'exprimer un mépris à l'égard d'une personne, en raison de son appartenance sexuelle, ou de la considérer, pour la même raison, comme inférieure ou comme réduite essentiellement à sa dimension sexuelle et qui entraîne une atteinte grave à sa dignité». La notion de répétition est absente. La loi requiert que l’infraction soit commise intentionnellement[2].

 

  • Siffler une personne, insister après une absence de réponse ou un refus, suivre ou imposer sa présence, des commentaires déplacés …

Le maître mot est le consentement, et accepter la possibilité d’un refus (ou l’absence de réponse). Les harceleurs agissent dans un rapport de « pouvoir où les auteurs imposent leur volonté et leur contrôle, en ignorant volontairement le non-consentement des victimes et en générant un environnement hostile qui porte atteinte à leur dignité et liberté »[3].

La drague, elle, est en principe un « jeu », qui se fait à deux. Elle devient du harcèlement lorsque le consentement de la victime n’est plus respecté.

Dans l’état actuel la législation belge, la sanction prévue en cas d’harcèlement sexiste est une peine d’emprisonnement de 1 mois à 1 an et/ou une amende de 50 à 1.000 euros.

Malgré ces dispositions légales prises, il apparait que dans les faits le sexisme ne soit pas réprimandé. En effet, les agresseurs sont très peu punis pour leurs actes. A ce jour, il n’existerait qu’une condamnation pour cette infraction[4], et la victime était policière.

Selon l’étude de 2019 de l’ONG Plan international, seules 7% des victimes osent en parler à la police. En cela, il est difficile de pouvoir réprimander les agresseurs.

La grande majorité des femmes savent faire la différence entre drague et harcèlement[5]. Donc non, la pénalisation du sexisme ne va pas « tuer la séduction ». C’est le sexisme même qui fait de l’ombre à la séduction.

 

[1] 91 % des filles belges ont été victime d’harcèlement sexuel (planinternational.be)

[2] F. Kuty, « L’incrimination du sexisme », Rev. Dr. Pén., 2015, p. 53.

[3] Le harcèlement sexiste dans l'espace public: Égalité FILLES-GARÇONS (cfwb.be)

[4] Corr. néerl. Bruxelles (52e ch.), 8 novembre 2017.

[5] F. Namêche, « Non, les # dénonçant le harcèlement de rue ne vont pas "tuer la séduction !" », novembre 2017, CVFE - Non, les # dénonçant le harcèlement de rue ne vont pas "tuer la séduction !"

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